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Filière Agricole Durable :  Concilier Sécurité Alimentaire Et écologie

Filière agricole durable : concilier sécurité alimentaire et écologie

« L’activité agricole doit rester rentable et les démarches environnementales ne pas nuire à la qualité et à la disponibilité du produit », l’idée selon laquelle l’agroécologie et l’agriculture régénératrice amènent forcément à moins de productivité et donc moins de performances pour nourrir la planète a la vie dure. Pour ses détracteurs, ces agricultures répondraient à une demande de niche et ne correspondraient pas aux attentes des consommateurs qui recherchent une nourriture à bas-coût.

Chez Biospheres, nous affirmons qu’il n’y aura pas de sécurité alimentaire à moyen et long terme sans filières agricoles durables soucieuses de l’écologie.

« Fiat Panis » – « Qu’il y ait du pain (pour tous) » *

La sécurité alimentaire, selon la FAO, c’est 4 composantes principales :

  • L’accès à la nourriture ;
  • La disponibilité (quantités suffisantes) ;
  • La qualité (nutritionnel et sanitaire) ;
  • La stabilité des trois autres dimensions dans le temps.

Dans son cadre stratégique renouvelé 2022-2031, la FAO se positionne en faveur d’une transition vers des systèmes agroalimentaires plus efficaces, plus inclusifs, plus résilients et plus durables qui permettent d’apporter des améliorations en matière de production, de nutrition, d’environnement et de conditions de vie, en ne laissant personne de côté. Pour ce faire « quatre améliorations » sont visées :

  • Sur le champ de la production : innovation pour une production durable et approche « One Health – Une seule santé » ;
  • Sur le champ de la nutrition : mise en avant des aliments nutritifs et salubres pour tous, réduction du gaspillage notamment ;
  • Sur le champ de l’environnement face au changement climatique : en développant bioéconomie et biodiversité.
  • Conditions de vie : croissance économique réduisant les inégalités.

L’agriculture et l’alimentation sont des moyens puissants pour faire reculer la faim et la pauvreté et atteindre les 17 objectifs de développement de l’ONU.

Vers une filière agricole durable, efficace, résiliente et pérenne : un nouveau paradigme pour chacun des acteurs

Une filière agricole durable se constituent autour d’un ensemble d’acteurs économiques en interrelation, de flux de produits, d’argents, d’informations, de processus techniques de production et de transformation, d’organisation des marchés. Ces acteurs sont les fournisseurs de l’agriculture, les agriculteurs, les transformateurs agroalimentaires, les distributeurs, les consommateurs.

Les filières agricoles sont durables à condition d’être efficaces, efficientes et inclusives, et de veiller à la résilience et à la pérennité des écosystèmes (incluant nos agrosystèmes) dans lesquels elles se développent à tous niveaux géographiques, local, régional ou mondial.

Elles sont efficaces quand elles contribuent à la sécurité d’un système alimentaire en délivrant une nourriture saine, nutritive et en quantité suffisante. Pour cela, les acteurs se coordonnent afin de produire une offre quantitativement et qualitativement adaptée à la demande. Les transferts d’informations sont nombreux sur les conditions de productions, les risques et bénéfices de l’activité partagée.

Elles sont efficientes lorsqu’elles permettent par des processus métaboliques adaptés de rendre disponible ou transformer des ressources naturelles en bien alimentaires sans perte, donc pollution et avec le meilleur rendement calorique possible.

Elles sont inclusives quand elles intègrent et mettent en synergie tous les acteurs concernés, issus de différents métiers, aux intérêts divers, qui se reconnaissent, se respectent et partagent les valeurs générées par leurs activités communes au sein de la filière. Pour cela, chaque acteur prend part à la vie collective de la filière, en participant à sa gouvernance, à la promotion de ses métiers, à la diffusion de ses informations auprès des partenaires et des consommateurs.

Elles veillent à la résilience et à la pérennité des écosystèmes quand elles n’amputent pas sur leur capacité à produire et à se renouveler. La pérennité de ces écosystèmes conditionnant de fait celles des filières qui s’y implantent.  Chaque acteur connait son impact et tend à le rendre nul voire à le rendre positif pour l’écosystème et également pour les autres acteurs de la filière.

L’écologie est un outil au service de la constitution de ces filières agricoles durables

L’écologie étudie les interactions des êtres vivantes entre eux et avec leur milieu. Elle conduit à une meilleure compréhension du fonctionnement des écosystèmes dans lesquels s’inscrivent de près ou de loin nos filières agricoles.

Elle permet d’intervenir positivement sur l’efficience d’une filière agricole durable en donnant des clefs de compréhension pour mettre les êtres vivants et leurs interactions avec l’environnement en synergie avec nos activités de production : biocontrôle, lutte biologique, association de cultures, engrais verts, complémentarité polyculture-élevage, etc.  C’est un moyen de réduire les consommations intermédiaires, énergie et intrants, et donc d’améliorer l’autonomie et la performance des systèmes.

L’écologie permet aussi d’observer, mesurer, comprendre et adapter nos pratiques pour réduire les pollutions ou externalités négatives générées par nos activités. Elle donne les moyens de mieux gérer et utiliser les ressources naturelles, y compris la terre, l’eau, l’air, le climat et les ressources génétiques.

La bonne connaissance de l’écologie et des connaissances de bases du fonctionnement des écosystèmes sont les seuls clés qui permettent de concevoir et de piloter des écosystèmes durables. Elle permet de produire de manière efficience en optimisant les processus biologiques à l’œuvre pour produire des biens alimentaires et d’éviter des impacts négatifs, ou pire des dégâts irréversibles, que nous pourrions causer. La pérennité de ces écosystèmes est une condition indispensable de la sécurité alimentaire ; c’est à partir d’eux que les filières agricoles sont en mesure de produire notre nourriture. Le bon état des écosystèmes garantit les conditions dans le temps de la production agricole et alimentaire. L’efficience écologique des systèmes agricoles est directement corrélée à leur efficience économique : en réduisant les pertes et en optimisant le métabolisme des unités de productions agricoles, on améliore le ratio charges (intrants) / revenus (produits).

Concilier l’écologie et la sécurité alimentaire au sein d’une filière agricole durable est indispensable

S’intéresser à l’écologie concernant les filières agricoles s’est se donner les moyens de transformer ces filières en substituant des mécanismes écologiques naturels aux intrants chimiques et aux énergies fossiles utilisés de manière systématique.  Réduire la dépendance des filières agricoles à la chimie et au pétrole, valoriser les potentialités écologiques des systèmes dans lesquelles elles sont implantés, c’est les amener vers davantage de durabilité et donc de performances multiples sur les plans économique, social et environnemental.

S’intéresser à l’écologie s’est connaitre les limites du potentiel pédoclimatique de son écosystème et adapter son système de production de façon à ne pas aller au-delà de ce que l’écosystème peut produire sans dégrader ses capacités futures de production. Cela suggère d’adapter les pratiques agricoles afin de faire s’exprimer tout le potentiel existant mais de ne pas aller au-delà d’une certaine intensité. Une intensification du système sans conscience de son potentiel et ainsi de ses limites physiques et physiologiques entrainerait la dégradation de facteurs de production, par exemple le sol, entamant alors sa capacité à produire dans le temps.

L’écologie permet in fine de construire et de piloter des écosystèmes qui permettront aux filières agricoles de bénéficier de productions renouvelables. La régénération de ces capacités de productions est un prérequis pour assurer la stabilité dans le temps d’un accès à la nourriture en quantité et en qualité. La dégradation des écosystèmes, c’est-à-dire du cadre de production, à cause d’un manque de connaissances écologiques amènera in fine à fragiliser la sécurité alimentaire globale.

Pour Biosphères, c’est bien la compréhension et l’appropriation par l’ensemble des acteurs des filières agricoles (agriculteurs, transformateurs, distributeurs, consommateurs) du fonctionnement écologique des écosystèmes agricoles qui est le premier levier de changement vers une production de biens alimentaires durables et accessibles sur le long terme.

 

*L’expression est inscrite sur le logo de la FAO (« Food and Agriculture Organization ») en charge de la lutte pour la sécurité alimentaire à l’échelle planétaire.

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